Qu'arrive-t-il à ceux qui refusent les vaccinations ?
Le "passeport covide" préservera-t-il votre vie privée ? Le débat autour de ces questions est en cours depuis un certain temps.
Alors que le nombre de Canadiens entièrement vaccinés augmente régulièrement et que le pays lui-même revient progressivement à une vie "pré-pandémique", un sujet important est de plus en plus soulevé dans la société canadienne : qu'en est-il des personnes qui, pour une raison quelconque, n'ont pas été vaccinées ? En outre, il n'est pas du tout clair comment trouver un équilibre entre la santé publique et la liberté individuelle, et si la première doit être abandonnée pour protéger la seconde.
Trouver des réponses à ces questions les plus pressantes de notre époque devient de plus en plus important à mesure que les mesures de quarantaine sont assouplies.
Pourquoi ai-je besoin d'un passeport de vaccination ?
Il s'agit d'un document qui devient de plus en plus important pour la plupart des institutions et agences du pays. Si le détenteur du passeport de vaccination peut prouver son immunisation avec celui-ci, alors il peut également bénéficier des libertés publiques spécifiées.
D'autre part, qu'en est-il des personnes qui ne seront pas en mesure de fournir de telles preuves parce qu'elles ne peuvent ou ne veulent pas se faire vacciner ? Cela signifie-t-il qu'ils ne pourront pas voyager en avion, postuler auprès des agences nécessaires, s'inscrire dans les universités... ? Et ceci est loin d'être une liste complète des désagréments à venir...
Société à deux vitesses — quels sont les dangers ?
Le mois dernier, la province Manitoba a annoncé qu'elle fournirait des cartes d'immunisation aux citoyens qui ont été entièrement vaccinés. Cela leur permettra de voyager dans le pays sans avoir à s'auto-immuniser à leur retour. En mai, la Western University de Londres a annoncé qu'elle exigerait des étudiants vivant dans des résidences universitaires qu'ils présentent également une preuve de leur vaccination.
En mai également, la ministre de la Santé Patti Haidu a déclaré à CBC News que son gouvernement était déjà en pourparlers avec ses alliés du G7 pour mettre en place un passeport de vaccination qui permettrait aux Canadiens immunisés de reprendre leurs voyages internationaux.
Mais les éthiciens canadiens, les défenseurs de la vie privée et les groupes de défense des libertés civiles mettent en garde : de telles exigences menacent de créer une nouvelle société à deux vitesses. Il est certain que les personnes qui ont été vaccinées en bénéficieront. Mais elle chassera aussi ceux qui ne l'ont pas fait.
En date du 25 juin, selon les dernières données du gouvernement fédéral, les trois quarts des Canadiens âgés de 12 ans et plus ont déjà reçu au moins une dose du vaccin COVID-19, et 22 % des Canadiens sont entièrement vaccinés.
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Pour comprendre la situation et explorer les pièges potentiels des passeports covides, CBC News a recueilli l'avis de plusieurs experts importants.
Une question de justice.
Pour Arthur Schafer, directeur fondateur du Centre d'éthique professionnelle et appliquée de l'Université du Manitoba à Winnipeg, la possession d'un passeport de vaccination ou d'un "certificat d'immunité" est déjà une question réglée. Mais, dit-il, le gouvernement fédéral est "tombé de haut" parce qu'il n'a pas fourni de directives claires aux provinces et aux responsables de la santé sur la manière de gérer ces documents.
"Si nous encourageons les gens à se faire vacciner et que nous leur promettons que les vaccins sont sûrs et efficaces, alors cela n'a aucun sens de dire que tout le monde devra obéir aux mêmes règles, qu'ils soient vaccinés ou non. En l'état actuel des choses, nous transformons tout en un méli-mélo. Nous serions bien mieux lotis si nous réfléchissions et élaborions des politiques qui protègent les valeurs fondamentales : la vie privée, la confidentialité, la liberté et la santé publique", a déclaré M. Shafer.
Le professeur craint que la plupart des agences et organisations ne dictent leurs propres règles.
Pourquoi de nombreuses personnes refusent-elles les vaccinations ?
Le débat sur l'utilisation des passeports de vaccination s'intensifie à mesure que de plus en plus de personnes se font vacciner. Certains disent que l'introduction de "passeports covides" obligatoires sera une bonne incitation à ne plus avoir peur des piqûres et à reprendre une vie normale. D'autres, en revanche, considèrent ce document comme une atteinte radicale à la liberté et à la vie privée des citoyens.
Il existe plusieurs raisons principales pour lesquelles les gens refusent de se faire vacciner. Certains ne sont pas sûrs de pouvoir se faire vacciner parce que, par exemple, ils prennent des immunosuppresseurs. Et d'autres ont des préoccupations juridiques pour douter de la sécurité et de l'efficacité de vaccins mal étudiés. Certains ont déjà des expériences négatives avec la médecine canadienne et ne veulent pas les répéter.
Selon M. Schaefer, une issue pourrait être trouvée à cette situation : "Nous (c'est-à-dire l'État) devrions essayer d'accommoder les personnes qui ont des objections, conscientes, scientifiques ou même religieuses. Nous pourrons alors mettre en circulation des passeports de vaccination sans compromettre la sécurité publique et sans coûts disproportionnés".
La question de la confidentialité
En mai, les commissaires à la protection de la vie privée fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada ont publié une déclaration commune dans laquelle ils avertissaient que, même si les passeports de vaccination "peuvent apporter des avantages importants à la société, cette mesure constitue une atteinte aux libertés civiles". Et elle ne devrait être retirée qu'après mûre réflexion."
Selon l'ancienne commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario, Ann Cavoukian, il ne faut pas s'attendre à ce que les Canadiens renoncent à leur vie privée pour la santé publique.
M. Cavoukian s'inquiète de ce qu'il pourrait advenir des données de santé personnelles des personnes dans le cadre de l'introduction des "passeports covides" obligatoires. Elle s'inquiète sérieusement du fait que toutes les données personnelles "seront désormais stockées en fonction de votre géolocalisation dans le monde entier". Si vous voyagez ou allez à un match de football ou ailleurs, toute information vous concernant sera suivie. Et le potentiel de surveillance est énorme.
Les cartes de vaccination sont depuis longtemps monnaie courante dans de nombreux pays pour accéder à certains services de santé, mais désormais, elles ne seront plus seulement exigées pour les voyages internationaux. Mais aussi, par exemple, même pour la visite de restaurants.
Comme Schafer, Cavoukian craint qu'un tel système ne s'aliène une minorité de Canadiens, dont beaucoup ont de bonnes raisons personnelles de refuser la vaccination. Et ces raisons, ils ne voudront pas les exprimer.
En conclusion de son entretien, Mme Cavoukian a fait remarquer : "Le reste d'entre nous se détendra lorsque la plupart des Canadiens seront complètement immunisés. Lorsque cela se produira, il ne sera plus aussi important pour nous d'être en mesure d'isoler ceux qui ont refusé d'être vaccinés.
Au moins une province canadienne reconnaît déjà que chacun a le droit de choisir. Et elle ne devrait pas être sacrifiée au profit du public : mercredi, la Saskatchewan a annoncé qu'elle n'exigera pas de preuve de vaccination des résidents qui veulent retourner au travail ou assister à des événements publics. Ce faisant, un fonctionnaire a déclaré que le fait d'exiger une telle preuve violerait la loi sur la protection des informations relatives à la santé des citoyens de la province.
La question de la liberté
Cara Zwiebel, directrice du programme des libertés fondamentales de l'Association canadienne des libertés civiles, estime que la question devrait se résumer à un choix individuel : "Le choix de l'immunisation devrait être un véritable choix individuel. Mais il arrive un moment où nous ne donnons accès à certains droits et à la pleine participation à la vie publique qu'aux personnes immunisées. Et cela devient déjà une forme de coercition. Vous devez être vacciné parce que vous avez choisi de l'être, et non parce que vous avez été forcé à être vacciné.
Selon Zwiebel, "l'idée de devoir montrer une preuve de vaccination partout où l'on va change fondamentalement la société dont nous sommes membres."
"Je pense que nous devons abandonner l'idée de créer un espace sans coronavirus", a poursuivi M. Zwiebel. Nous devons essayer de réduire au maximum le risque d'infection et éviter les situations de surcharge dans les hôpitaux. Mais malheureusement, je pense que le COVID n'est qu'un risque supplémentaire avec lequel nous devons désormais vivre en permanence."
Comme M. Cavoukian, M. Zwibel est très préoccupé par la prolifération des informations médicales privées. Toutefois, elle note que si nous pouvons volontairement remettre nos carnets de vaccination à certaines institutions, leur utilisation future est légalement limitée. En résumé, M. Zvibel a suggéré que la société devrait réfléchir attentivement à la voie à suivre avant de s'engager dans la voie du contrôle de la population mondiale.