Convoi de la liberté au Canada : des foules de manifestants atteignent Ottawa
Le 29 janvier, des Canadiens de tout le pays se sont rassemblés devant le Parlement pour demander la levée des restrictions liées au coronavirus.
Bonjour à tous du Canada, bonjour d'Ottawa, bonjour de la Colline du Parlement. Le gouvernement canadien siège ici, et des milliers de personnes sont venues protester pacifiquement contre les restrictions. Contre la vaccination obligatoire, contre le port de masques, contre l'obligation de présenter un passeport de vaccination pour aller n'importe où, et ainsi de suite, etc.
Les Canadiens sont très patients et respectueux de la loi, mais beaucoup en ont quand même assez que le gouvernement ne tienne pas ses promesses et que les restrictions sur les covides soient très strictes. En deux ans de restrictions, tout le monde en a assez.
Des dizaines de milliers de camions ont rejoint le convoi de la liberté et sont partis de toutes les villes du Canada pour se rendre à Ottawa. Les camionneurs sont venus au Parlement le samedi 29 janvier. La coordination des participants s'est faite en grande partie par le biais d'un groupe Facebook auquel plus de 800 000 personnes se sont inscrites.
Les gens étaient pour la liberté et déclaraient des protestations pacifiques. Mais, hélas, le groupe Facebook a été bloqué samedi matin et, pour autant que je sache, les Canadiens passent maintenant en masse à Telegram. J'ai aussi ma propre chaîne sur le Canada, d'ailleurs.
Nous avons décidé de filmer cet événement historique et nous nous sommes rendus dans le centre-ville d'Ottawa le 29 janvier, en emmenant même notre plus jeune fils, Lucas, âgé de 6 ans. Alors que nous roulions vers le Parlement, il y avait de nombreuses personnes avec des drapeaux le long des ponts et de l'autoroute. Il y avait peu de policiers le long de la route.
Il est important de noter que les Canadiens ne sont pas contre la vaccination. 90 % des camionneurs sont vaccinés. Le Canada est considéré comme l'un des leaders en matière de vaccination. Mais la pandémie dure depuis suffisamment longtemps pour que le système médical n'ait pas changé depuis. Les opérations régulières sont retardées sous prétexte du virus, il faut attendre longtemps juste pour arriver chez un médecin, il y a une pénurie de personnel médical.
Plus nous nous approchions du centre, plus les gens étaient nombreux, et le trafic ralentissait. J'ai remarqué qu'il y avait surtout des voitures ordinaires et des camionnettes sur la route ; les tracteurs nous ont manqué.
Les gars que nous connaissions attendaient les camionneurs sur le pont et ont pu filmer le cortège. Il y a également eu un accident, un pick-up en a percuté un autre à pleine vitesse. Probablement, il regardait les spectateurs sur le pont. Ou peut-être qu'il n'aimait pas les manifestants, je ne sais pas.
Dès que nous sommes entrés dans le centre-ville d'Ottawa, il y a eu un embouteillage immédiat. Il y avait plus de passants avec des drapeaux et des pancartes. Nous avons réussi à nous garer et sommes allés au Parlement alors que la foule s'y précipitait. Outre les spectateurs, le nombre de policiers a augmenté. Seulement ils portaient des masques.
On me taquinait pour ma phrase selon laquelle le Canada était une île de tranquillité. Je le pense toujours. Nous n'avons pas eu de wagons de riz, de passages à tabac ou de détentions de manifestants. Au moins, je n'ai pas attrapé ça. Je suis fière de vivre au Canada et de savoir que c'est un pays pacifique.
Je pense qu'en Russie, ils auraient depuis longtemps dispersé tout le monde et mis les organisateurs en prison. Au Canada, cependant, on n'en est pas encore là et Trudeau s'est mis en quarantaine volontaire, affirmant avoir été en contact avec une personne malade. Quelque chose à propos des vaccins ne l'a pas aidé.
Les Canadiens ont été très discrets. Ils ont même jeté des ordures dans les poubelles. Il est agréable de savoir que les gens se sont serrés les coudes, que nous avons une certaine liberté et qu'il n'y a pas d'État policier, que les Canadiens sont pour la plupart bien élevés et cultivés. Nous avons été frappés par inadvertance par un drapeau dans la foule et un "désolé" a immédiatement été entendu, non seulement de la part de la personne maladroite, mais aussi de ma part.
Je dois admettre qu'il y avait quand même des conflits. Un nombre assez important de manifestants se sont rendus dans le centre commercial Rido pour se réchauffer. Ils ont refusé par principe de porter des masques, si bien que l'administration a été contrainte de le fermer. Les propriétaires d'entreprises qui ont décidé de ne pas ouvrir le week-end ont également été touchés. Je compatis avec les habitants des quartiers centraux — ils ont écouté les bruits des tracs.
Je ne sais pas où ça va nous mener. Ma version personnelle est que rien ne changera vraiment. Sauf qu'il sera plus facile pour les travailleurs de la santé étrangers de s'installer au Canada. Mais c'est déjà ce qui se passe, sans rassemblements ni grèves. Les Canadiens en ont assez d'être enfermés et les rassemblements peuvent être considérés comme un changement de décor. Vous avez peut-être entendu dire qu'il y a peu de divertissement dans les petites villes et que les Canadiens veulent se rendre dans les centres commerciaux pour voir des gens et faire les vitrines pour se détendre un peu. Quand les manifestants ont froid ou quand ils n'ont plus d'argent, ils rentrent chez eux.
Alex Pavlenko, fondateur de Immigrant.Today