Le dollar canadien repart à la hausse
Les analystes s'attendent à ce qu'il atteigne sa véritable valeur.
La monnaie canadienne ne reflète pas sa véritable valeur, mais cette année, elle pourrait remonter à son niveau réel. C'est ce que pensent plus de 40 organisations d'analystes financiers interrogées par Reuters. "Le dollar canadien est encore sous-évalué par rapport à toute mesure à long terme de la juste valeur", a déclaré Jay Zhao-Murray, analyste de marché chez Monex Canada.
Les indicateurs de juste valeur comprennent la parité de pouvoir d'achat (PPA), un taux de change qui compare le pouvoir d'achat des différentes monnaies. Le FMI estime la PPA du CAD par rapport à l'USD à 1,19 USD. En réalité, le dollar canadien est encore plus élevé que le dollar américain. Les analystes suggèrent que le CAD pourrait atteindre un taux de change de 1,292 USD cette année. La seule question est de savoir si la Banque centrale canadienne permettra que cela se produise.
La monnaie nationale peut en effet ne pas correspondre à sa valeur réelle et aux indicateurs de prix équitables à long terme. Cela peut se produire si la banque de régulation surévalue ou sous-évalue intentionnellement le taux de change. Par exemple, la Chine maintient le yuan à un niveau inférieur à sa valeur réelle, ce qui permet aux entreprises étrangères d'ouvrir des sites de production en Chine et d'embaucher des travailleurs locaux. Il s'agit d'une tentative de maintenir les salaires locaux à un niveau bas afin de faire face à la concurrence internationale pour les producteurs et les investisseurs. Il n'y a pas si longtemps, le rouble russe a été artificiellement surévalué par la Banque centrale pour contenir une inflation galopante et éviter une crise économique. Le rouble devait être payé plus cher en devises étrangères qu'il ne le "méritait". Les exportateurs de ressources naturelles en ont été les principales victimes.
Le Canada bénéficie de la faiblesse du dollar canadien par rapport au dollar américain. Plus de 75 % de ses exportations sont destinées aux États-Unis. Il devrait être facile pour les États-Unis d'acheter des produits canadiens grâce à la différence de taux de change, sinon ils ne pourront pas maintenir le niveau antérieur de leurs importations en provenance du Canada. La Banque centrale canadienne tentera d'empêcher la hausse de la monnaie nationale, sous peine de freiner la croissance économique et de réduire le volume des exportations.
Cependant, tout ne dépend pas de la volonté de la banque de régulation. Une récession est possible aux États-Unis — actuellement, ce pays traverse une période difficile en raison de l'instabilité politique et de l'effondrement des plus grandes banques. Le dollar peut chuter de lui-même, contrairement aux efforts de la Banque centrale canadienne. Le pays devra alors chercher de nouveaux marchés d'exportation, car les États-Unis achèteront moins au Canada.
Le Canada pourra peut-être faire face à cette situation grâce à l'exportation de ressources particulièrement précieuses et attrayantes pour l'Amérique. Il s'agit notamment du graphite, nécessaire à la production de voitures électriques. Actuellement, les États-Unis produisent 0 % du graphite consommé par le pays, car il n'y a pas de gisements de ce minéral. Au Canada, un immense gisement a été récemment découvert, dont le volume dépasse celui des gisements chinois. Le ministère américain de la défense a déjà annoncé son intention d'investir des millions dans l'exploitation du gisement. Ceci est nécessaire pour être moins dépendant de la Chine. Le Canada est idéologiquement plus proche des Etats-Unis et il est plus facile pour eux de compter sur leurs approvisionnements.
Seul l'avenir nous dira si le CAD dépassera son partenaire, l'USD. De ce fait, la croissance de l'économie canadienne pourrait ralentir, mais les résidents locaux pourront acheter davantage de produits étrangers. Cela pourrait permettre d'obtenir des matières premières pour la production à l'étranger de manière plus rentable et d'attirer des spécialistes étrangers hautement qualifiés.
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