Le Canada entend résoudre ses problèmes avec l'aide des immigrants
Les spécialistes hautement qualifiés ne sont plus la priorité absolue.
Le Canada va modifier son système d'immigration l'année prochaine afin de remédier à une pénurie persistante de main-d'œuvre. Au lieu d'inviter des personnes hautement qualifiées, quelle que soit leur profession, le pays donnera la préférence à celles qui sont les plus demandées sur le marché du travail.
On sait déjà qu'à partir de 2023, le Canada fera des sélections ciblées à Express Entry. La priorité sera accordée aux professionnels de la santé et de la construction, ainsi qu'aux candidats dont la profession est en demande dans une province donnée. Selon M. Fraser, un tel système permettra de réguler le flux d'immigrants et de pourvoir les emplois nécessaires.
"C'est une approche complètement différente de celle utilisée auparavant, où la sélection se faisait pour les personnes ayant le score le plus élevé dans le système, indépendamment du secteur dans lequel ils allaient travailler ou de la région dans laquelle ils allaient s'installer", déclare Sean Fraser.
En plus des candidats hautement qualifiés, il existe maintenant une tendance au Canada à embaucher des professionnels de l'informatique et de la programmation, alors que d'autres secteurs sont négligés.
À titre d'exemple, M. Fraser a déclaré que le ministère de l'Immigration sera désormais en mesure de sélectionner les demandes de manière à inviter au Nouveau-Brunswick les enseignants de français qui y sont en pénurie, à remédier à la pénurie d'infirmières en Nouvelle-Écosse ou à lancer davantage d'invitations aux charpentiers qui ont l'intention de s'établir en Ontario.
L'Ontario a également besoin de bâtisseurs. On estime que la province aura besoin de 100 000 professionnels supplémentaires dans ce domaine dans un avenir proche pour atteindre son objectif de 1,5 million de logements d'ici 2031. Et cela aussi peut être résolu par une nouvelle approche des invitations.
Les médecins immigrés constituent un autre problème. Ils sont très demandés au Canada, mais ils ne peuvent pas travailler dans leur profession tout de suite — ils doivent se recycler et passer par un processus d'autorisation compliqué. Le ministre de l'immigration a promis de résoudre ce problème également, mais il n'a pas dit comment s'y prendre.
"L'idée que nous ayons des neurochirurgiens et des dentistes qui travaillent comme chauffeurs de taxi est inacceptable", commente M. Fraser. — Cela me contrarie vraiment lorsque je rencontre des personnes talentueuses qui sont venues au Canada mais qui ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel.
Les représentants des entreprises sont positifs quant aux changements apportés au système d'immigration. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macalem, pense qu'il n'aurait pas à relever autant les taux d'intérêt cette année s'il y avait plus de main-d'œuvre dans le pays.
Les Canadiens, en revanche, commencent à s'inquiéter que l'admission d'un plus grand nombre d'immigrants mette à rude épreuve les soins de santé, les services sociaux et le logement. M. Fraser convient qu'il faut prêter attention à ces secteurs, mais il affirme également qu'une pénurie de personnes créera beaucoup plus de problèmes. De plus, le ministre estime que le Canada doit continuer à augmenter ses objectifs d'immigration afin de faire croître son économie et d'améliorer sa démographie.