La Banque du Canada abaisse son taux directeur à 2,5 % pour la première fois depuis mars
La banque centrale cherche à stimuler l'économie affaiblie dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis et de détérioration du marché du travail.
La Banque du Canada a baissé son taux directeur de 25 points de base à 2,5% mercredi, sa première baisse depuis mars, alors que la banque centrale cherche à stimuler une économie affaiblie.
Raisons économiques de la décision
Le marché du travail s'est affaibli, l'inflation hors essence a diminué, et l'annulation par le gouvernement fédéral des tarifs de représailles contre les États-Unis a réduit certains "risques à la hausse" pour l'inflation future, a noté le gouverneur Tiff Macklem dans ses remarques préliminaires lors d'une conférence de presse à Ottawa.
"Il reste beaucoup d'incertitude. Mais avec une économie plus faible et moins de risques inflationnistes à la hausse, le Conseil de direction a estimé qu'une baisse des taux était appropriée pour mieux équilibrer les risques futurs"
Impact de la guerre commerciale américaine sur l'économie canadienne
L'économie a fait face à une série d'événements depuis juillet qui ont influencé la décision unanime de la banque de baisser les taux, a expliqué Macklem. Mais la guerre commerciale américaine continue de jouer un rôle important dans les perspectives économiques globales du pays.
"L'économie canadienne est affectée à la fois par les tarifs américains et par l'imprévisibilité de la politique commerciale américaine"
Le PIB a baissé au deuxième trimestre, comme prévu par la banque centrale, et les exportations vers les États-Unis ont chuté après que les entreprises aient initialement constitué des stocks en réponse aux tarifs américains. Certaines entreprises ont réduit leurs investissements.
Les tarifs continuent d'avoir un "impact profond" sur les industries clés canadiennes comme l'automobile, l'acier et l'aluminium — ainsi que des tarifs supplémentaires sur le cuivre et le bois d'œuvre, et les tarifs chinois sur le colza, le porc et les fruits de mer, a noté Macklem.
État du marché du travail
Entre-temps, l'économie canadienne a perdu plus de 100 000 emplois au cours des deux derniers mois, et le taux de chômage est passé à 7,1%.
Outre les pertes d'emplois importantes dans les secteurs touchés par les tarifs, les employeurs d'autres industries réduisent leurs embauches car l'incertitude a gagné l'économie canadienne, a expliqué Macklem.
Les dépenses de consommation ont été plus fortes que prévu au deuxième trimestre, mais cela pourrait changer car la faiblesse du marché du travail pèse sur les ménages canadiens, a-t-il ajouté.
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Cependant, "nous ne prévoyons pas de récession" si les États-Unis maintiennent leur politique tarifaire actuelle envers le Canada, a déclaré Macklem aux journalistes. Il a averti que la situation changerait si le régime tarifaire s'intensifiait.
"En regardant vers l'avenir, nous avons vu une plus grande stabilité dans les tarifs américains depuis juillet, et dans ce sens, au moins une partie de l'incertitude tarifaire à court terme a diminué", a-t-il dit. C'est pourquoi la banque n'est pas aussi prévisionnelle que d'habitude.
La plupart des économistes s'attendaient à ce que la banque centrale baisse ses taux mercredi, surtout après le rapport modéré sur l'inflation d'août.
Réaction des experts
"Ce n'est pas une surprise. C'était totalement attendu et je pense que c'est finalement bien accueilli"
C'est ainsi qu'Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Global Asset Management à Toronto, a commenté la décision.
L'économie était "profondément inefficace" depuis le début de la guerre commerciale américaine, et il est "approprié" d'obtenir un certain soutien de la banque centrale, a ajouté Lascelles.
La croissance en retard combinée à un emploi faible et des risques d'inflation en baisse "poussent la Banque du Canada vers une baisse des taux".
Pression inflationniste "plus modérée"
Bien que le taux d'inflation global soit de 1,9%, la Banque du Canada accorde une attention particulière aux mesures de l'inflation de base, qui excluent les secteurs volatils comme l'essence du taux global.
Le point médian de l'inflation de la banque est de 2%, avec une fourchette cible de 1% à 3%. Les mesures de base ont fluctué près de la limite supérieure de cette fourchette, mais leur rythme de croissance a ralenti ces derniers mois, a noté Macklem.
"Il y a un peu plus de réconfort dans le fait que certaines de ces pressions à la hausse que nous avons vues sur l'inflation de base s'atténuent", a noté Macklem lors d'une séance de questions-réponses avec les journalistes.
Les pressions inflationnistes semblent "un peu plus modérées", a-t-il dit, mais la faible croissance économique a fait pencher la balance en faveur d'une baisse des taux mercredi.
"Nous ne voulons pas que les Canadiens aient à s'inquiéter de fortes augmentations du coût de la vie"
Impact sur les emprunteurs
Pour chaque baisse de 25 points de base, les détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable ajustable peuvent s'attendre à payer environ 15 CAD de moins pour chaque tranche de 100 000 CAD de paiements hypothécaires mensuels, selon Victor Tran, expert en hypothèques et immobilier chez Rates.ca.
"Bien qu'une baisse de 25 points de base entraînera des taux variables plus bas, les taux fixes sont restés collants malgré les récentes baisses des rendements obligataires", a déclaré Tran. "Cette baisse du taux au jour le jour ne devrait pas entraîner d'activité significative sur le marché du logement, et le marché baissier devrait probablement se poursuivre dans un avenir prévisible".
Prochaines décisions
La Banque du Canada prendra sa prochaine décision sur les taux d'intérêt le 29 octobre. De nombreux économistes s'attendent à de nouvelles réductions de taux cette année et au premier semestre 2026, alors que la banque continue d'équilibrer les risques économiques dans un contexte d'incertitude commerciale persistante.