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Les conservateurs canadiens proposent d'élargir les droits d'autodéfense

Les conservateurs canadiens proposent d

Pierre Poulyèvre appelle à une réforme du Code pénal suite à l'incident de Lindsay qui a déclenché un débat national.

Voici la traduction en français :

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a demandé des modifications au Code criminel qui présumeraient raisonnable l'usage de la force pour se défendre contre une intrusion illégale dans son domicile. Cette proposition fait suite à un incident très médiatisé à Lindsay, en Ontario, où une victime d'invasion de domicile a été accusée d'avoir agressé un cambrioleur.

L'incident de Lindsay comme catalyseur du débat

Le 18 août 2025, dans la ville de Lindsay, en Ontario, un incident a secoué tout le Canada et déclenché un débat national sur le droit à l'autodéfense. Jeremy David MacDonald, 44 ans, a été accusé de voies de fait graves et d'agression armée après une confrontation avec Michael Kyle Breen, 41 ans, qui s'était illégalement introduit dans son appartement.

Selon les documents judiciaires, Breen a brisé une fenêtre et une moustiquaire de la maison de MacDonald et était armé d'une arbalète. Lors de l'affrontement, le cambrioleur a subi des blessures graves mettant sa vie en danger et a été transporté par hélicoptère dans un hôpital de Toronto. Il est à noter que Breen était en liberté conditionnelle au moment de l'incident et était déjà recherché par la police pour d'autres accusations. Il avait sept affaires criminelles distinctes en attente de jugement.

MacDonald aurait utilisé un couteau pour se défendre, selon les documents. Son avocat, Steven Norton, a déclaré que son client "maintient son innocence et a agi dans le cadre de ses droits pour se défendre et protéger sa propriété".

Selon l'avocat, MacDonald "a fait ce que n'importe qui aurait fait dans sa situation d'invasion de domicile".

La proposition des conservateurs : la loi "Restez vigilant"

Lors d'une conférence de presse à Brampton, en Ontario, Poilievre a annoncé son intention de présenter un projet de loi intitulé "Loi sur la vigilance" (Stand On Guard Act). Les changements proposés modifieraient l'article 34.2 du Code criminel et introduiraient une présomption de raisonnabilité pour l'usage de la force, y compris la force mortelle, contre une personne qui s'introduit illégalement dans une maison et menace la sécurité des occupants.

Le chef conservateur a souligné que les Canadiens qui défendent leur domicile "n'ont pas le temps de réfléchir à neuf conditions", faisant référence aux critères complexes que les tribunaux doivent prendre en compte pour déterminer le "caractère raisonnable" de l'usage de la force dans des circonstances d'autodéfense. Selon lui, il est injuste d'appliquer "une doctrine juridique complexe et obscure contre vous lorsque vous ne faites que ce qui est juste".

Poilievre a établi deux critères simples pour sa loi proposée. L'usage de la force serait considéré comme raisonnable si deux conditions sont remplies : premièrement, quelqu'un s'introduit illégalement et sans invitation dans votre maison ; deuxièmement, vous croyez raisonnablement que cette personne représente une menace pour votre famille. Si ces conditions sont remplies, "toute force que vous utilisez contre cette personne est présumée raisonnable et légale".

L'état actuel de la législation canadienne

Actuellement, le Code criminel du Canada permet aux gens de se défendre en cas d'effraction si la force utilisée est "raisonnable dans les circonstances". Pour déterminer si un acte de défense est "raisonnable", les tribunaux examinent neuf facteurs, notamment la nature de la menace, les capacités physiques des parties impliquées, l'historique des relations entre les parties et si l'une des parties a utilisé ou menacé d'utiliser une arme.

Selon la loi actuelle, la charge de la preuve incombe à l'accusation — elle doit prouver hors de tout doute raisonnable que la force utilisée contre le cambrioleur était disproportionnée. Les Canadiens ne sont pas coupables d'une infraction s'ils croient, pour des motifs raisonnables, qu'une force est utilisée ou menacée contre eux ou une autre personne, que leur acte de défense est effectué dans le but de se protéger et qu'il est raisonnable dans les circonstances.

Critiques des experts en droit pénal

La proposition de Poilievre a été vivement critiquée par des experts en droit pénal. L'avocate pénaliste Kim Schofield a déclaré que l'amendement proposé "ne clarifie ni ne simplifie les choses" et pourrait exposer le public à un plus grand danger. Selon elle, "une présomption de raisonnabilité est une pente très dangereuse et glissante".

Noah Weisbord, professeur de droit à l'Université McGill spécialisé dans les affaires d'usage de la force en cas d'autodéfense, a noté que le droit canadien favorise déjà les propriétaires dans les cas d'invasion de domicile. Il a souligné que la proposition de Poilievre ne renforce pas leur protection contre les accusations criminelles.

Schofield a souligné qu'on n'attend pas des personnes en situation d'urgence qu'elles examinent ces facteurs. "Ce ne sont que des lignes directrices pour les juges qui sont, en fin de compte, les juges des faits", a-t-elle déclaré. Les experts mettent en garde contre l'adoption de lois similaires au statut floridien "Stand Your Ground", qui accorde une immunité juridique aux personnes qui "répondent à la force par la force, y compris la force mortelle" en cas d'autodéfense.

Expérience internationale et statistiques

Weisbord a mis en garde contre l'adoption de lois similaires à celles des États-Unis, citant des études sur l'impact de la loi "Stand Your Ground" en Floride. En 2017, un groupe de chercheurs a publié une évaluation de cette loi et a constaté qu'elle était associée à une augmentation notable des homicides et des meurtres par arme à feu.

Une étude de 2012 pour le National Bureau of Economic Research n'a trouvé "aucune preuve de dissuasion ; les cambriolages, les vols et les agressions avec circonstances aggravantes ne sont pas affectés par ces lois".

D'autre part, les auteurs du rapport ont noté : "nous avons constaté que les homicides augmentent d'environ 8%".

Réaction politique et opinion publique

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a soutenu MacDonald et critiqué la décision de le poursuivre, déclarant que cela montre que "quelque chose est cassé". Il a dit : "Je sais que si quelqu'un entre par effraction chez moi ou chez quelqu'un d'autre, vous vous battrez pour votre vie. Ce gars a une arme... vous utiliserez toute la force que vous pouvez pour protéger votre famille".

Le chef de police du service des lacs Kawartha, Kirk Robertson, a écrit dans une déclaration qu'il reconnaît que l'incident a suscité un intérêt public considérable et des réactions "émotionnelles", mais a qualifié certains commentaires d'"injustes et inexacts". Robertson a écrit que les gens ont le droit de se défendre et de protéger leur propriété, mais que la loi exige que toute action défensive soit proportionnelle à la menace.

Les résidents locaux et les propriétaires d'entreprises du centre-ville de Lindsay ont exprimé leur soutien à MacDonald. Jesse Calabik a décrit MacDonald comme un "bon gars" et un ami de longue date. Sharmin Eckert, propriétaire d'un restaurant local et d'une entreprise de traiteur, a qualifié MacDonald de "bon gars" et a noté les préoccupations croissantes concernant la sécurité dans la ville.

Lien avec les initiatives plus larges des conservateurs

La proposition de Poilievre fait partie d'une initiative plus large des conservateurs visant à durcir la législation sur la lutte contre la criminalité. En septembre 2025, le chef conservateur a présenté une législation stricte sur la criminalité avant le retour du Parlement, déclarant que certaines communautés étaient devenues des "zones de guerre".

Les conservateurs prévoient également d'introduire une "Loi sur la prison plutôt que la caution" pour réformer le système de libération sous caution. Poilievre affirme que "le crime est hors de contrôle", citant des données de Statistique Canada qui montrent que le nombre d'homicides a augmenté de 29% au cours de la dernière décennie — passant de 613 victimes d'homicides dans tout le pays en 2015 à 788 l'année dernière.

Le ministre de la Justice, Sean Fraser, a critiqué la proposition de Poilievre, affirmant que le chef conservateur avait l'intention de diriger le Canada comme un "Far West". Poilievre a répondu lors d'une conférence de presse jeudi en disant que pour certaines communautés, "ce n'est pas le Far West. C'est une zone de guerre".

Précédents et cas similaires

Dans leur communiqué de presse, les conservateurs ont mis en avant l'affaire de Cameron Gardiner de Collingwood, en Ontario, qui a abattu deux hommes masqués qui l'avaient ligoté et menacé lors d'une invasion de domicile chaotique en 2019. La Couronne avait accusé Gardiner d'homicide involontaire, mais a ensuite abandonné les charges en 2021.

Les conservateurs ont également mentionné d'autres cas, dont celui d'un homme de Milton, en Ontario, dont la maison a été prise d'assaut par cinq cambrioleurs armés et masqués, apparemment en train de commettre un vol. Selon le parti, ces cas démontrent la nécessité de lois plus claires sur la légitime défense.

Poilievre a fait référence à une situation similaire en Saskatchewan il y a quelques années, impliquant un fermier et quelqu'un qui était venu sur sa propriété avec une menace perçue. Cette affaire est passée par tout le processus judiciaire, et finalement le fermier qui défendait sa propriété a été déclaré non coupable.

Perspectives législatives

Poilievre a déclaré que si le gouvernement ne propose pas son propre amendement, son parti présentera un projet de loi privé pour définir ce que signifie "raisonnable". Le député conservateur Arpan Khanna a obtenu la 10e place dans le tirage au sort des projets de loi privés, ce qui signifie que la loi sera probablement débattue prochainement.

Le gouvernement libéral promet également sa propre législation cet automne pour durcir le système de libération sous caution, que certains responsables de l'application de la loi et défenseurs des droits des victimes jugent trop laxiste, permettant aux récidivistes de retourner dans la société aux dépens de la sécurité publique.

MacDonald doit comparaître devant le tribunal le 25 septembre, tandis que Breen a déjà fait sa première comparution. L'issue de cette affaire pourrait avoir un impact significatif sur le débat public concernant le droit à la légitime défense au Canada et sur les perspectives d'adoption des modifications proposées par les conservateurs au Code criminel.

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